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Au secours, il pleut des bébés! Envoyer
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"- Chérie, j'ai de la news de chez news, tu ne vas pas en croire tes oreilles."

Du potin, du ragot sortant de la bouche de mon mari, j'ai peine à y croire. Il doit s'agir d'un scoop extraordinaire pour qu'il prenne la peine de le colporter jusqu'à la maison.

"La femme de Lambron est enceinte jusqu'aux yeux, elle accouche dans deux mois."

Flash back: Marc Lambron, PDG d'une des plus grosses boîtes de pub de la capitale, a fait sa crise de la cinquantaine et a largué femme et enfants pour une pseudo mannequin de vingt-deux ans avec laquelle il écume tout ce que Paris compte d’endroits hypes.

"- Tu verrais sa tête, il n'a pas l'air très heureux d'élargir le cercle familial. Bonjour l'ambiance au bureau."

"- Enfin cela ne nous concerne pas, quand est ce qu'on mange?"

C'est l'arroseur arrosé, il n'a certainement rien vu venir, trop persuadé d'avoir tiré le gros lot avec une jeunette qui ne lui imposerait pas son désir de maternité. Il doit se maudire de l'avoir épousée trop vite, il s'est fait avoir comme un bleu. Bien fait!

Je l'imagine bien, notre super PGD, terrorisé rien qu'à l'idée de se faire réveiller par un marmot affamé.

Il me semble bien pourtant avoir vu sa femme Esmeralda il y a quelques semaines et je n'ai rien remarqué. Moi la pro du bourrelet planqué, je n'ai même pas été capable de déceler le moindre signe de grossesse, à plus de sept mois, c'est tout de même un peu fort.

Le lendemain matin, je décide de vérifier l'information à sa source et d'appeler Esmeralda, histoire de la féliciter pour cette bonne nouvelle! Nous sommes devenues assez copines depuis qu'elle m'a coaché pour perdre trois kilos.

Sa méthode est d'une simplicité extrême: des légumes crus et des fruits cuits à volonté pendant une semaine. Le plus est qu'elle ne m'a pas lâché d'une semelle pendant cette semaine, m'organisant des activités sportives et me motivant à coups de quinze appels téléphoniques par jour. Je lui en fais baver tant par ma démotivation que par ma paresse physique, mais elle s'est accrochée et la récompense a été à la hauteur de mes espérances. Je rentre à nouveau dans mon jean fétiche, celui d'avant mes trois grossesses, c'est dire si c'est une antiquité! Je retire donc toutes les méchancetés que j'ai pu écrire sur elle, ma jalousie aurait pu me faire passer à côté d'une fille authentiquement cool.

" – Esmeralda je n'y crois pas, comment peux-tu être sur le point d'accoucher et rentrer encore dans tes slims?"

Elle me répond un peu gênée qu'avec ses problèmes d'anorexie, elle ne pensait pas pouvoir tomber enceinte facilement et que prendre du poids était une épreuve très difficile, même pour la santé de son propre enfant.

Résultat: deux petits kilos et demi en plus à l'entrée du huitième mois et un mari qui tire la gueule à longueur de journée depuis l'annonce de la grande nouvelle.

Notre future maman ne l'a pas ménagé, elle a même pris le soin de téléphoner à l'ex femme, histoire de la prévenir que ses enfants allaient avoir un petit frère ou une petite sœur dans les prochaines semaines.

Trois jours plus tard, quelle n'est pas ma surprise de trouver dans ma boîte aux lettres une invitation à la Baby shower party de la très enceinte Madame lambron. J'ai promis de ne plus me moquer d'elle mais là l'occasion est trop belle.

Esmeralda Gimenez Lambron qui se prend pour une New Yorkaise, c'est trop drôle. Elle a trop regardé Desperate Housewives.

Si vous vous demandez ce qu'est une Baby shower, sachez en premier lieu qu'il ne s'agit pas d'une "douche de bébé" mais d'une fête américaine consistant à offrir des cadeaux avant la naissance de l'enfant.

Rendez-vous est fixé chez Ladurée et il nous est indiqué qu'une liste a été déposée chez Bonichon, le temple du bébé chic.

Entre les gosses qu'il faut occuper en ces vacances de la Toussaint, une sciatique qui me rend dingue et mon mari qui arrive à vingt-deux heures tous les soirs pour ne pas partir après son boss qui n'a plus envie de rentrer chez lui, je ne sais plus où donner de la tête.

Il n'est donc pas étonnant que le matin du jour J, je réalise affolée que je ne me suis pas encore occupée d'acheter le cadeau. Il pleut des cordes et j'arrive devant le magasin alors que la vendeuse s'apprête à fermer pour la pause déjeuner.

Je lui explique que la shower est à deux heures, je ne pourrai pas revenir et je ne peux pas m'y rendre les mains vides. Je la supplie de me laisser cinq petites minutes, je serai super rapide surtout si il y déjà une liste.

"- Alors la liste de Mme Lambron, tout d'abord je me dois de vous préciser que c'est une fille et que la cliente ne veut que du rose. Laissez-moi regarder un peu ce qu'il reste de disponible."

C'est alors qu'elle se dirige vers une adorable petite commode rose dragée.

"- Voilà, c'est le dernier article. Beaucoup de ses amies sont déjà passées, elle a été bien gâtée. Ne vous inquiétez pas, on peut vous la prendre en photo, de cette façon elle sait ce que vous lui offrez et on s'occupe de tout pour la livraison."

Je manque de défaillir quand je me penche pour regarder le prix de cette petite merveille. Mille cents euros pour une minuscule commode que je pourrais aussi bien trouver chez Habitat, c'est une plaisanterie?

"-Il n’a vraiment rien d'autre car c'est un peu hors budget?"

La vendeuse me lance un regard outragé et commence à regarder sa montre en tapant du pied. C'est alors que je remarque un charmant plaid qui a le mérite d'être rose et de ne pas dépasser les deux cents euros.

"- Vous vous risquez à choisir hors liste, je ne sais pas si ça va lui plaire."

Mais qu'est ce qu'elle croit, que je vais mettre un smic dans une commode grosse comme un tabouret alors que j'ai meublé la chambre de mes propres enfants chez Ikea?

Le cadeau emballé, je me précipite vers le métro le plus proche et direction les champs Elysées. Pas même question d'envisager de prendre la voiture et de risquer des embouteillages monstres.

J'arrive pile à l'heure et bouscule une dizaine de japonaises qui font la queue bien sagement. Je suis attendee, moi. Nous sommes vingt à table et ça piaille de tous les côtés. Je ne connais personne à part Esmeralda, je vais donc me concentrer sur la délicieuse assiette de macarons qui se trouve devant moi.

C'est alors qu'Esmeralda se lève et déclare que, conformément à la tradition américaine, chaque personne va lui donner son cadeau, les autres doivent deviner de quoi il s'agit avant qu'elle ne l'ouvre.

C'est à mourir d'ennui. Elles sont toutes plus bêtes les unes que les autres. Je vais me suicider à coups de macarons. Les cadeaux sont somptueux. Ma parole, ces bonnes femmes sont toutes millionnaires!

Quand arrive mon tour, il n'y a personne pour deviner qu'il s'agit d'un plaid.

"- Est ce un oreiller? Est ce une peluche?" Mon Dieu, aidez-moi! Faites que mon supplice se termine…

Esmeralda a la présence d'esprit d'avoir l'air très contente de son plaid même s’il s'agit de loin du cadeau le moins onéreux.

Mine de rien, cette mascarade a duré près de deux heures et je suis éreintée. Nous nous levons toutes pour partir, Esmeralda ne sait plus où donner de la tête et se confond en remerciements.

Une des femmes assises en bout de table se dirige alors vers moi et, discrètement, me demande si j'ai participé au pot commun pour l'organisation de la shower.

"- Excusez moi, je ne savais pas qu'il y avait quelque chose à payer."

Elle me répond que ce n'est pas grave, je n'ai qu'à lui faire un chèque et elle se débrouillera. Cinquante euros par personne pour une coupe de champagne, du jus d'orange et quelques macarons, la note est salée.

Alors, la prochaine fois qu'on vous invite à une shower, dites que vous ne prenez que des bains!

 

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