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Dans la vie, il y a des perles qu’il convient de ne pas laisser s’échapper, sous peine de ne plus rire pendant des lustres.

Je m’en vais donc vous livrer ma dernière trouvaille, et elle vaut son pesant d’or.

Alors que je suis en train de végéter sur mon canapé à feuilleter Gala, en attendant que mes enfants terminent leur soupe (ce qui peut prendre la soirée), je tombe sur la phrase suivante :

« J’adore les diamants, j’en porte pour dormir. » Bien entendu, je n’aurai pas relevé s’il s’agissait de Paris Hilton ou d’une dégénérée du même acabit. Mais voilà, c’est Monica Bellucci qui parle, et je dois avouer que cela m’a fortement déçu. Si une telle bombe a besoin de gros caillou pour aller au lit, qu’en est-il de nous, pauvres mortelles ? J’entends bien que Monica « fait des ménages » pour Cartier et qu’ils ne doivent pas la rémunérer en chèque emploi service, mais tout de même, il y a des limites. Et puis mince, elle a oublié que c’était la crise !

Qu’on se couche avec un Damart, je veux bien le comprendre, mais avec des diams, quelle blague !

Cette incursion dans le monde feutré du sommeil des stars me fait réaliser que mon look du soir laisse carrément à désirer.

Ni une ni deux, j’appelle mon petit mari, histoire de me rassurer.

Hugo bosse et à d’autres chats à fouetter. Il est même de fort méchante humeur.

-          Dis moi chéri, tu trouves que je me laisse aller, que je ne me fais pas belle pour toi quand tu rentres ?

-          Mais qu’est ce qui te passe encore par la tête ? Est-ce que je t’ai déjà fait une remarque ?

-          Non, mais peut être que tu aimerais que je sois un peu plus sexy, moins mère de famille.

-          Si tu veux la vérité, je trouve que ton pyjama Hello Kitty et tes chaussons Calimero font plus ado attardée que maman au foyer.

-          Alors, pour toi, c’est ce que je suis, une ado attardée ?

-          Non, mais je ne serai pas désolé de voir tes pantoufles finir au fond d’une poubelle.

-          Excuse-moi, mais je dois y aller. J’ai des enfants à faire dîner, moi !

Alors, comme ça, Monica, tu veux foutre la merde dans mon couple ? C’est ce qu’on va voir !

Dès demain, j’enclenche la phase une de l’opération « récupération de la féminité envolée » et il y a du pain sur la planche !

Je commence par balancer mes chaussons au rebus. Calimero, il est temps de nous dire adieu. Je ne peux me résoudre à jeter mon pyjama Hello Kitty, il est tellement mignon. Je le fourre dans un placard, il pourra s’aérer pendant les voyages d’affaires de mon despote de mari.

Qu’il me traite d’ado attardée a provoqué un électrochoc. Je vais me transformer en la femme fatale que j’ai toujours été, mais de l’intérieur !

Il est temps de remettre la main sur ces petites nuisettes qui affolaient tant Hugo, j’ai l’impression que c’était dans une autre vie.

Un triste constat s’impose : je suis loin, très loin de mes mensurations d’antan. Saucissonnée dans mon déshabillé léopard, je pousse un cri en découvrant le désastre devant le miroir. On dirait une charcutière sur le retour...

Il me faut impérativement changer de registre. Le bon côté de ce genre de mission est qu’il y a forcément une phase shopping, c’est même impératif.

Entre la maman et la putain, il doit bien y avoir un créneau pour moi.

Alors que je flâne dans les rayons du « Bon Marché », je craque sur un déshabillé à pois noir et blanc et son coordonné lingerie. Le soutien-gorge est un peu trop pigeonnant mais je me dis que c’est pour la bonne cause. Je prends toute la panoplie sans même essayer, fière d’avoir trouvé en un temps record.

Passons maintenant aux choses sérieuses : les pantoufles. Terminé les chaussons mœlleux, il faut assurer en toutes circonstances.

Je me permets de lancer un cri d’alerte. Trouver des pantoufles digne de ce nom est une mission impossible. Entre les mules de pouffes et les savates marocaines, je ne suis pas arrivée à trouver quoi que ce soit de potable. Reviens Calimero !

Je suis à deux doigts de lâcher l’affaire quand j’aperçois une charmante paire de petites ballerines plates, qui devraient faire leur effet.

Il n’y a pas à dire, j’ai du goût jusque dans les pantoufles, j’ai flashé sur des Répetto à cent vingt euros. Il ne manquerait plus qu’elles soient moches, à ce prix.

Après tout, il en va de garder mon mari, il s’agit presque d’un achat de survie. Il me les faut.

Pendant que j’y suis, je vais changer de parfum. A nouvelle femme, odeur différente, c’est d’une logique implacable.

J’ai toujours été attirée par les odeurs fraîches et toniques, il est plus que temps d’aller vers une fragrance plus envoûtante.

Une vendeuse, flairant la bonne cliente, entreprend de m’expliquer comment choisir un parfum et à faire la différence entre les notes de tête, de cœur et de fond. Elle me dispense un véritable cours, j’en ai la tête qui tourne. Allez, à vous je peux bien l’avouer, je ne choisis mon parfum qu’en fonction de la bouteille. Pour un peu que l’odeur me plaise un peu et le tour est joué.

Pour aujourd’hui, ce sera « Black Orchid » de Tom Ford, un flacon ultra chic qui ne jurera pas sur les étagères de ma salle de bain.

Je pousse le bouchon jusqu’à me rendre chez le coiffeur, c’est bien la première fois que je vais me faire brusher pour aller me coucher !

Il est l’heure de récupérer mes monstres qui doivent l’avoir mauvaise d’être restés à l’étude. C’est que la chrysalide a besoin de temps pour se muer en papillon. Je suis en train de me demander si je rajoute des bas à ma tenue déjà sexy à souhait quand Allégra me tend un petit mot de la part de sa maîtresse.

« Madame, je vous demande la plus grande vigilance, la tête de votre fille étant infestée de poux, prière de la traiter au plus vite. »

Il ne me manquait plus que ça !

Dîtes-moi un peu, les amis, pensez-vous que Monica enlève sa quincaillerie avant de passer la lotion anti-poux à sa fille ?

Deux heures plus tard, nous avons éradiqué la pouillerie et je suis au bout du rouleau. Tous les draps ont été changés, toutes les têtes desinféctées y compris la mienne, ça valait bien le coup d’aller chez le coiffeur. Quand mon cher et tendre passe la porte, les enfants l’accueillent avec un joyeux :

-          Papa, papa, on a des poux, on est des pouilleux !

Pas l’ombre d’un traumatisme à l’horizon. Ma fille a même eu le culot de me balancer que les poux étaient ses amis et qu’ils avaient le droit de vivre aussi.

Vers vingt-trois heures, c’est une femme au bord de la crise de nerf qui s’apprête à enfiler sa tenue de guerrière.

Hugo est à moitié assoupi dans le lit. Je prie pour qu’il ne remarque pas que la culotte en taille 38 me boudine affreusement. Cela m’apprendra à m’obstiner à prendre du 38 alors qu’il me faut un bon 40.

Sa réaction n’est pas à la hauteur de mes espérances.

-          Dis-moi, chérie, bizarre ce parfum d’ambiance, c’est pour masquer l’odeur de l’anti-poux ?

Il n’a pas encore vraiment levé les yeux sur moi. J’ai l’impression d’être transparente.

Mais quand je me suis postée à un centimètre et que j’ai commencé à retirer mon déshabillé, la donne a radicalement changé.

Le reste appartient à mon histoire personnelle, mais sachez que pour le quart du quart du prix d’un diamant, mes nuits ont scintillé de mille feux et que l’éclat est encore dans nos yeux.

 

 

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