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Je crise, tu crises, nous crisons: Viva Lyon Envoyer
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A la question “que faut-il faire quand son mari rentre un peu déprimé du boulot car il vient de se faire piquer une grosse campagne au nez et à la barbe?” je répondrai : en premier lieu, planquer le nouveau sac Kenzo que l'on vient de s'offrir (même pas pour Noël) et prier très fort pour que le relevé bancaire passe à la trappe.
En voyant mon cher et tendre aussi perturbé, je n'ai eu de cesse de culpabiliser. C'est plus tard, pelotonnée contre lui, qu'il lâchera le mot fatal, celui qu'on entend partout à la télé comme chez l'épicier: crise. Naïvement j'avais eu la faiblesse de croire que nous serions épargnés et que les Soldes 2009 seraient encore une fois placés sous le signe de l'euphorie. Il fallait se faire une raison et ça rime avec économisons. Hugo a commencé par annuler notre 31 décembre à Courchevel, soi-disant pour rester à Paris, pour être opérationnel au cas où la situation se décanterait à l'agence.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des contrats qui se signent entre Noël et le jour de l'An?
Je déteste rien que l'idée de cette soirée où le Tout-Paris fait semblant de s'amuser, et cette échappée à Courchevel était un peu ma bouffée d'oxygène. Il allait falloir s'en passer, et sans faire la gueule s'il vous plaît. En attendant, il s'agit de boucler les valises et de s'arranger pour ne pas manquer le train: nous partons à Lyon pour le week- end.
Lyon: à peine à deux heures de Paris en TGV et pourtant le bout du monde pour nous. Mes beaux parents y habitent, et il faut nous voir nous y traîner trois fois l'an.
Andréa a fait des pieds et des mains pour rester seul et, devant mon refus, il fait sa tête des pires jours. A son âge, la visite chez pépé et mémé c'est une véritable corvée. Mon mari n'est guère plus réjoui, il n'y a que moi qui glousse rien qu'à l'idée de toutes ces lyonnaiseries que je vais m'enfiler. Lyon, c'est le paradis de la bonne bouffe et, dans cette ville où je ne connais personne, je laisse ma gourmandise prendre le dessus sur mon sacro-saint régime. Ma belle-mère croit d'ailleurs que je suis dotée d'un métabolisme extraordinaire vu ce que je peux stocker pendant ces quelques jours. Bien entendu, je lui fais croire que je mange tout autant à Paris, alors que c'est la diète à peine le pied posé sur le quai de la gare.
C'est exactement quand on lit les interviews de ces top models qui confessent avaler tout ce qu'elle veulent et ne jamais grossir, il faut vraiment qu'elles nous prennent pour des imbéciles pour croire de pareilles inepties.
Comment, vous pensez donc que je prend ma belle mère pour une idiote? C'est vous qui l'avez dit!
Le véritable sadisme selon Dita Von Teese, une célèbre strip-teaseuse : "faire croire que la perfection peut être naturelle".
A peine arrivée dans l'appartement de la belle-famille, je suis obligée d'enfiler un pull dare dare, ici ça caille et pas question de monter le chauffage. Mon mari a été élevé à la dure et la crise, lui, c'est un concept qu'il a apprivoisé depuis sa naissance. Mes beaux-parents sont des rats en puissance, l'économie est le moteur de leur vie même s’ils dorment sur des millions d'euros. Je ne pourrais évaluer leurs biens, ils en seraient malades tant ils protègent leur petit secret mais ils sont loin, très très loin d'être dans le besoin.
Une andouillette à la crème plus tard, je commence à me sentir nettement mieux et le tiramisu maison a vite fait de m'expédier dans un doux coma sucré. C'est à peine si je les entends geindre sur la situation actuelle et la désolation de la bourse (eux qui ont tout leur capitale investi dans la pierre).
Le lendemain matin, Madeleine a prévu une activité saine et pas chère pour les enfants: la patinoire. C'est à deux pas de chez elle, ça tombe bien.
Pendant ce temps, elle entend me faire une surprise et m'étonner avec un de ses bons plans perso. Quoi, aurait-elle découvert un Spa digne de ce nom où je pourrais dénouer mon stress?
Je sais bien que cela tiendrait du prodige, mais je suis une optimiste et on ne se refait pas.
Ma belle-mère est si excitée qu'elle postillonne à tout va. Je ne la supporte pas, c'est physique. Dire que je peux embrasser son fils avec passion quand la simple vue de l'écume dans son rouge à lèvres suffit à me donner la nausée.
J'hallucine ou elle me traîne dans un supermarché ?
" Ma chérie, vous êtes en passe de découvrir un domaine où notre pouvoir d'achat est plus fort"
La vieille est gaga ou quoi, elle croit qu'elle va à la chasse sur ses terres. Il faut la voir s'emparer d'un caddie pour réaliser que nous sommes dans une enseigne Lidl: un supermarché discount.
Mon calvaire va durer une heure et ce soir je me coucherai moins bête, je connais le prix d'un pack de Coca Light au centime près. Nous avons fait un stock d'amande en poudre, à moins d'un euro le paquet, c'était une aubaine. Belle-maman m'a aussi démontré, articles à l'appui, qu'on pouvait faire une salade composée pour huit personnes et pour moins de quatre euros. Ne me demandez pas comment, c'est le moment où je m'étais mis en pilotage automatique et où je me disais que j'aurais encore préféré m'étaler comme une crêpe à la patinoire. Exaltée par toutes ces économies, elle se lâche et achète un paquet de papillottes à ses petits enfants. Dommage, elle ne verra pas leurs mines déconfites dans le train, quand ils s'apercevront qu'elles sont juste entourées de chocolat mais fourrées à la pâte de fruit bon marché. A un euro, même Lidl ne peut pas faire de miracle.
Madeleine compte offrir les mêmes à son petit personnel, et s'imagine passer pour une bienfaitrice de l'humanité. Elle a complètement disjoncté, la pauvre !
Arrivée gare de Lyon, j'ai très envie d'un petit Coca et c'est presque avec joie que je paye ma canette aussi chère qu'un pack entier avec mémé.

 

 

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