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Si l’Amour c’est comme une Cigarette, est-ce que l’Amitié c’est comme une Allumette ? Envoyer
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La journée avait pourtant bien commencé : tous les enfants casés chez des copains et la perspective d’une super Saint-Valentin en amoureux.
Un samedi qui commence à midi ne peut être placé que sous les meilleurs auspices. Hugo est allé faire un footing et ce soir nous inaugurons un nouveau genre de sortie. Le restau clandestin, une adresse en étage qui ne s’échange qu’entre initiés et les promesses de véritables agapes. C’est un snobisme qui fait fureur dans mon petit monde et comme j’ai conscience d’avoir parfois un train de retard, je me dis que ma hype est le probablement le has been de bien d’autres. Bref, c’est un client de mon mari qui lui a refilé le tuyau, et moi, ça m’emballe. Tant de Saint-Valentin me sont passées sous le nez : trop de boulot, enfants malades, panne de baby-sitter, j’en passe et des meilleures.
Alors, ce soir, on va rattraper toutes ces années et en profiter ensemble. Je n’ai rien d’autre à faire que de me préparer et d’être la plus jolie pour l’homme que j’aime. Mine de rien, c’est tout de même du boulot. Ah ! si ! j’oubliais : une petite course à faire pour Allégra qui va à la piscine lundi avec son club de vacances. Ça va vous paraître dingue mais le Forum des Halles un samedi, eh ben ça ne me fait même pas peur. Me glisser dans la foule, me fondre dans la masse des touristes et des Parisiens est un bonheur sans égal. A condition de ne pas avoir à le faire tous les jours, bien entendu. J’ai prévu d’aller rapidos chez Go Sport me charger de la corvée du bonnet puis de m’aventurer chez Séphora, à la recherche de la crème miracle qui viendra enrichir ma collection. J’ai de quoi me tartiner jusqu’en 2014, même si je ne le fais quasi jamais !
Tiens ! tiens ! mon répondeur clignote ! Il est temps de se reconnecter au monde réel.
C’est Florent, mon ami d’enfance, qui crie sa hargne, faute de pouvoir me joindre sur mon portable.
« C’est terminé, je ne te prêterai plus jamais de DVD, tu t’es encore servie de la jaquette comme support pour écrire, il y a des grosses traces de stylo. J’en ai marre ! Si tu ne peux pas respecter les affaires des autres, tu ne les empruntes pas. »
Non mais quel message à la con ! Il ne mérite pas que je le rappelle, même si je sais qu’il va finir par se calmer et se rendre à l’évidence qu’il est dingue. Ses DVD constituent son trésor, un peu comme moi mon stock de bijoux fantaisie.
Il en prend un soin de malade, les classe pendant des heures, les époussette, les bichonne et tient une liste informatisée des chanceux à qui il consent à les prêter. Je l’imagine inspectant la jaquette à la loupe et l’observant sous tous les angles. J’ai beau faire attention, je commets toujours le sacrilège. Aujourd’hui c’est un boîtier sur lequel j’ai dû m’appuyer pour écrire, la semaine dernière c’était le disque que j’avais replacé à l’envers. Florent va finir par me faire regretter le temps où j’empruntais à la bibliothèque, c’était limite moins contraignant.

Et voilà qu’on sonne à la porte alors que je n’ai même pas encore pris ma douche. C’est Hermine qui, le moins que l’on puisse dire, fait grise mine. Elle est accompagnée de son abominable cabot, Prozac.
Prozac est un antidote à l’amour qu’on peut éprouver pour une bête. Ce Sharpei, non content d’être affreux, est agressif et pas affectueux pour un sou. Hermine en est gaga, grand bien lui fasse.
Il y a du chagrin d’amour dans l’air et rien ne vaut l’oreille compatissante d’une amie pour alléger sa peine.
Hermine, qui travaille chez Air France, a succombé au charme d’un séduisant commandant de bord et s’est fait le film qui va avec. Il lui avait concocté une Saint-Valentin de rêve à New York et le plan tombe à l’eau, il a soi-disant une grippe carabinée. Sauf qu’Hermine n’y croit pas.
« Tu penses qu’il préfère passer la Saint -Valentin avec sa femme, c’est pas possible ? »
J’ai envie de lui dire que si, c’est possible, et qu’il existe encore des hommes amoureux comme au premier jour (ou presque). Mais je me retiens et au nom de notre amitié, je lui sors le grand couplet :
« Rappelle-le. Ça me semble étrange, cette histoire. Propose-lui de jouer les infirmières particulières à l’hôtel. Fais-lui le grand jeu. »
Et mon Hermine qui me prend au mot et qui lui téléphone sur-le-champ. Et notre pilote de démarrer au quart de tour et de lui fixer rendez-vous dans la demi-heure qui suit. Elle n’a plus le temps de repasser chez elle et me supplie de lui garder son Prozac. J’ai autant d’affinités avec ce clébard qu’avec un serpent venimeux, mais je cède. Cette Saint -Valentin me rend conciliante.
Toutes ces histoires ont entamé mon après-midi et il me reste à peine le temps de filer aux Halles chercher le fameux bonnet. J’imagine bien la tête de ma fille si je lui annonce que j’ai oublié.

Pas un vendeur à l’horizon pour m’aider dans mon choix. Latex ou silicone, que choisir ?
Mais non, bande de pervers, je ne suis pas dans un sex-shop mais au rayon piscine de Go Sport. Sachez que le silicone est plus efficace et agréable pour les cheveux longs. Admettez-le, ce soir vous vous coucherez moins bête.
L’heure tourne et il y a au moins six personnes avant moi à la caisse. Quand vient enfin mon tour, la caissière s’éclipse et je me retrouve à patienter devant une chaise vide. Je vais finir par être en retard, ça me rend folle. Le bonnet coûte 4,90 euros et je décide de poser un billet de 5 euros sur la caisse avec l’emballage, tant pis pour la monnaie. Je fourre le bonnet dans mon sac et en avant pour la sortie. Je n’ai pas fait trois pas dehors qu’un imposant vigile me rattrape par la manche et me demande de bien vouloir ouvrir mon sac.
Il en extirpe le bonnet, il faut voir sa tête, on dirait qu’il vient d’arrêter Mesrine. J’ai beau lui expliquer que j’ai laissé un billet de 5 euros sur la caisse, il ne veut rien entendre et me pousse avec violence à l’intérieur du magasin.  
Est-ce le fait que je me sois tordue le pied dans l’action, ou de me faire malmener par ce malabar débile, je me retourne et lui colle une gifle en plein visage. Manque de chance, ma bague de fiançailles (arme de destruction massive) dérape sur sa lèvre et c’est un vigile au bord de la crise de nerf qui appelle la police.
On ne pourra pas leur reprocher d’être en retard sur ce coup-là. Ils arrivent en moins de temps qu’il m’en faut pour expliquer le ridicule de la situation et m’embarquent aussi sec. Et là, j’avoue que sur le coup qui va suivre, j’ai été bête, même très bête.
« Cons de flics, toujours à faire chier. On vous aurait bipé pour aller au Val Fourré, y’aurait eu personne, mais là les Halles... Et puis comme ça vous serez pas en retard à l’apéro ! »
Il me semble que si j’avais pu leur cracher dessus, je l’aurai fait mais j’avais la bouche sèche.
« Mais c’est qu’elle est désagréable, la voleuse ! Allez, hop ! les bracelets ! »
Et voilà comment on se fait embarquer, les menottes aux poignets et qu’on traverse tout le forum encadrée par des policiers. La honte suprême, envie de rentrer sous terre.
C’est pratique, le commissariat est à deux pas. On me dit d’attendre dans une pièce et on me laisse seule. Je n’ai même pas de montre, j’avais l’heure sur mon portable mais ils m’ont confisqué mon sac. Je gueule que j’ai droit à un avocat. Là, une espèce de flicaillon qui a l’air d’avoir douze ans vient me dire de me calmer ou je vais aller en cellule de dégrisement avec les poivrots et tout le reste. C’est quoi, tout le reste ?
Une éternité plus tard, on vient me chercher pour me dire que le magasin (dans sa grande clémence) n’a pas porté plainte contre moi et que je suis libre de partir.
Deux heures ont passé et, lorsque je récupère mon portable, il est saturé de messages.
Hugo est aux urgences. Il ne comprend pas comment il a pu se faire attaquer par un chien qu’il ne connaît pas, en rentrant dans son propre appartement. Je tente de le joindre, mais en vain.
Je me dépêche de rentrer, bien sûr impossible d’attraper un taxi en cette soirée de Saint-Valentin.
C’est une vision de cauchemar qui m’attend en arrivant. L’appartement est un champ de bataille et Prozac hurle à la mort, enfermé dans la cuisine. Je n’ose même pas ouvrir la porte.
A ce moment arrive Hugo, un imposant bandage à la main. Le chien lui a sauté dessus et l’a mordu.
Je lui raconte également mes mésaventures et nous finissons par en rire.
Plus envie du tout de sortir, un plateau télé et au dodo. Mais le pire reste à venir. Cet abominable chien s’est soulagé sur notre lit. A ce niveau, c’est du vice.
J’appelle Hermine qui est aux abonnés absents. Hugo veut se débarrasser du monstre en appelant la brigade canine mais je réussis à le calmer en lui disant que j’ai eu ma dose d’uniformes pour la journée. Nous nous décidons pour une pizza à domicile, l’accès de la cuisine nous étant interdit. Impossible de décommander notre restau, l’adresse est trop confidentielle pour apparaître dans les Pages Jaunes. Encore un endroit où va être grillés ! Entre ça et les Halles, il va falloir qu’on déménage !!!

Deux heures du mat’... Hugo et moi dormons du sommeil du juste. On n’a même pas profité de notre grand appartement vide, les analgésiques ont eu raison de la fougue de mon mari. L’interphone me tire d’un rêve glorieux (quoi ? y’a pas de mal à rêver qu’on s’échappe de taule !).
C’est Hermine, complètement ivre, qui vient récupérer son sac à puces. Je lui ouvre, et la voilà qui se trompe et qui sonne à la porte de mes voisins. Elle nous les fera toutes.
Vous me croyez si je vous dis qu’elle ne m’a pas donné signe de vie pendant une semaine et ne s’est même pas excusée pour son Prozac surexcité ?
Hugo ne veut plus en entendre parler. Si je veux la revoir, ça a intérêt à être en douce.
Pour la petite histoire, son commandant de bord se sépare de sa femme et, comble de l’ironie, il est allergique aux chiens. Hermine va devoir se trouver une sacrée sacrée bonne poire.
Et moi, je conclurai en écrivant que cette Saint-Valentin rime avec soirée de chien.

 

Commentaires

avatar Aurèle Debieuvre
+2
 
 
J'adoore :))
On s'y croirait !
Continue !!

Je t'embrasse
avatar Anne-Laure
+1
 
 
Gênial, surtout le passage ou tu dit que Hugo c'est fait attaquer par le chein et qu'il est au urgence... ca m'a fait éclater de rire.
Comme dit Aurèle on s'y croirait... vivement le prochain
Bizz
avatar Géraldine
0
 
 
Non mais il a raison Florent...! T'es gonflée pour la jaquette!!
J'adore! Comme toujours d'ailleurs.....
avatar Isabelle
0
 
 
Si j'ai un chien je l'appelle Prozac!
Toujours aussi extra, ton blogue!!!
avatar Michelle
0
 
 
Un vrai talent! il faut absolument continuer......mes compliments
avatar Fantaroux
-1
 
 
C'est excellent, bravo ^^
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